Méthodes d’analyse d’un régime transitoire

Nous avons vu quelques caractéristiques du régime transitoire comme son temps caractéristique ou encore l’étude de régime forcé. L’étude du régime transitoire passe par l’étude de la réponse temporelle qu’il convient de déterminer. Pour cela il faut:

  • déterminer l’équation qui régit l’évolution de la grandeur qui nous intéresse. Nous verrons qu’il s’agit d’une équation différentielle et qu’elle possède certaines propriétés importantes

  • déterminer les conditions initiales qui permettront de déterminer les constantes d’intégration lors de la résolution. Il faut noter que souvent, ces dernières ne sont pas données mais doivent être déterminées.

  • Déterminer l’évolution temporelle (u(t) ou i(t) ou le deux) de la grandeur qui nous intéresse. Cela passe par la résolution de l’équation différentielle établie précédemment en utilisant les conditions initiales.

Mise en équation

Pour déterminer analytiquement l’évolution d’une grandeur, il faut pouvoir déterminer l’équation différentielle qui régit l’évolution de cette grandeur. Nous allons voir globalement les méthodes à disposition et les informations qu’on peut tirer de telles études.

Méthode: Déterminer l’équation différentielle (Lois de Kirchhoff)

On se propose ici de voir comment déterminer l’équation différentielle qui régit l’évolution d’une grandeur au moyen des lois de Kirchhoff.

Exercice

On considère le circuit suivant. L’interrupteur est ouvert depuis un temps long. A t=0, on ferme l’interrupteur.

Déterminer l’équation différentielle qui régit l’évolution de la tension aux bornes du condensateur.

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Attention

Erreurs de calculs

Il y a de nombreuses erreurs de calculs possibles qu’on retrouve fréquemment dans ce genre d’étude. Citons notamment le fait de ne pas annuler la dérivée de E (qui est une constante).

De même à la fin, on a diviser par C. Il faut penser à diviser tous les termes de l’équation, y compris ceux de droite.

Méthode: Déterminer l’équation différentielle (utilisation des potentiels)

La loi des noeuds en terme de potentiels peut aussi être utilisée. Elle demande simplement quelques ajustements en fonction de ce qu’on utilise.

Exercice

On considère le circuit de l’exercice précédent. Déterminer l’équation différentielle qui régit l’évolution de l’intensité qui circule dans la bobine quand on fermé l’interrupteur.

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Remarques sur les équation différentielles obtenues

Equations obtenues
Rappelons les deux équations obtenues. On donne aussi les équation d’évolution des trois autres intensités (s’entraîner à les déterminer est un bon exercice).

(38)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2} i_l}{\rm{dt}^2} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d} i_l}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} i_l = -\frac{E}{RLC} \end{equation}\]
(39)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2}u_C}{\rm{dt^2}} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d}u_C}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} u_C = 0 \end{equation}\]
(40)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2}i_r}{\rm{dt^2}} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d}i_r}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} i_r = 0 \end{equation}\]
(41)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2}i_c}{\rm{dt^2}} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d}i_c}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} i_c = 0 \end{equation}\]
(42)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2}i_e}{\rm{dt^2}} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d}i_e}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} i_e = \frac{E}{RLC} \end{equation}\]

Explications
Il ne s’agit pas ici de démontrer cette propriété (qui ne peut être utilisée telle qu’elle de toute façon) mais d’en expliquer un peu les raisons et les implications.

La raison est qu’on peut toujours obtenir une grandeur en fonction d’une (des autres) par des relations linéaires. Et l’on commence à faire des combinaisons linéaires d’une grandeur avec ses dérivées, elle sera toujours solution de la même équation différentielle.

On a vu ce principe quand on cherché \(i_l\) à partir de l’équation en \(V_B\). Notons qu’en pratique on le fait rarement.

Régime forcé à partir de l’équation différentielle.
Comme nous l’avons précisé dans les exercices, on peut déterminer un régime forcé indépendant du temps à partir des équations.

On rappelle que cela n’a de sens que si le régime forcé EST indépendant du temps. Lorsqu’on a établi l’équation différentielle, on peut vérifier si c’est le cas en regardant si le second membre est constant. Si c’est le cas, le régime forcé le sera aussi et on peut le déterminer en cherchant une solution particulière de l’équation avec second membre sous la forme d’une constante.

Variation du second membre
Avec la méthode présentée ci-dessus, li est évident que le second membre doit varier puisque le comportement de chaque grandeur sera a priori différent en régime forcé.

Il faut donc bien noter cette différence entre l’équation homogène, qui caractérise le régime transitoire et le second membre qui va permettre de déterminer le régime forcé .

Attention à ne pas confondre: il est évident que l’équation homogène (donc les caractéristiques du système) influe AUSSI sur le régime forcé. Mais le second membre n’influe pas lui sur la rapidité du régime transitoire ou le type de régime (nous les détaillerons par la suite mais on peut déjà relier ces “types” de régime à la solution mathématique de l’équation homogène).

Ajoutons aussi que le second membre dépend de E et c’est logique puisque le régime forcé dépend de la grandeur d’entrée.

Les conditions initiales…
Si l’on relie les remarques précédentes à l’étude habituelle d’une équation différentielle, on remarque que:

  • la recherche de la solution générale ESSM - associée à l’équation homogène - ne dépend que des caractéristiques du système.

  • la recherche du régime forcé - associée à la solution particulière de l’équation avec second membre - dépend des caractéristiques du circuit, de la grandeur d’entrée et de la grandeur considérée dans le circuit.

  • Reste enfin les constantes d’intégration qui sont beaucoup plus “accidentelles”: elles vont dépendre de toutes les grandeurs citées précédemment mais aussi de l’état initial du système (et donc souvent de l’état dans lequel était le système AVANT de subir une perturbation).

Détermination des conditions initiales

Combien de condition initiales

Conditions initiales
On rappelle que pour pouvoir résoudre de manière unique une équation différentielle, il faut connaître la valeur de la fonction (voire de ses dérivées) en certains points.

Il faut donc déterminer (ou connaître) les valeurs des grandeurs qui nous intéressent à certains instants.

Très souvent, on les détermine au moment (initial) où la perturbation se produit, c’est pourquoi on parle de conditions initiales.

Nombre de conditions initiales
Le principe est simple. C’est l’ordre de l’équation qui va déterminer le nombre de conditions initiales nécessaires.

Dans l’exemple précédent, le système est d’ordre 2. Il faut donc 2 conditions initiales (si possible la valeur de la fonction et de sa dérivée, c’est le plus simple).

Continuité des grandeurs

Problème de continuité
Comme nous l’avons évoqué précédemment, le système est souvent soumis à une brusque variation de la grandeur d’entrée, souvent modélisée par un échelon.

Cela signifie que la grandeur d’entrée au temps \(t_0\) où se produit la perturbation est discontinue. Il vient que les autres grandeurs du système __sont a priori discontinues en \(t_0\).

C’est un gros problème car il nous faut déterminer les constantes d’intégration à partir de valeurs des signaux après la perturbation (conditions initiales). Et en général, on ne connaît bien le système qu’avant la perturbation (parce qu’il était “au repos” dans un état depuis un temps long\footnote{Temps long —La notion de temps long est important pour l’étude de régimes transitoires. Elle signifie qu’on a attendue assez longtemps pour que le régime transitoire soit terminée. On peut considérer alors qu’on est en régime forcé.

Remarque: Un temps “long” signifie qu’on a attendu un temps grand devant le temps caractéristique du système considéré.

Il faut noter que dans le cas de circuit électrique, le temps caractéristique est de l’ordre de quelques millisecondes voire beaucoup moins. Dans ces conditions, un dixième de seconde est… un temps long !

}).

Pour résoudre ce problème, on va utiliser des grandeurs dont on sait qu’elle sont par propriété continues.

Important

Fondamental : Grandeurs nécessairement continues

  • La tension aux bornes d’un condensateur est une grandeur nécessairement continue.

  • L’intensité qui circule dans une bobine est une grandeur nécessairement continue.

Démonstration
La dérivée de ces deux grandeurs intervient dans les relations intensité tension de la bobine et du condensateur. Elles sont donc dérivables et donc nécessairement continues.

Méthode: Déterminer des conditions initiales

Cet exercice explique comment déterminer les conditions initiales nécessaires à la résolution de l’équation différentielle.

Exercice

On considère le circuit. L’interrupteur est ouvert depuis un temps long. A t=0, on ferme l’interrupteur. On rappelle qu’on a déterminé l’équation différentielle pour \(u_C\) et \(i_l\) pour t > 0 (prendre les notations précédentes). Déterminer les conditions initiales nécessaires à la résolution de ces équations.

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Etude de l’évolution temporelle

Etude de l’évolution temporelle

Rappel : Méthode de résolution
On rappelle ici la méthode de résolution d’une équation différentielle. Insistons sur le fait que l’ordre de résolution est fondamental.

  1. Déterminer à partir de l’équation homogène la solution générale de l’équation sans second membre.

  2. Déterminer une solution particulière de l’équation avec second membre. En physique, on cherchera une solution particulière correspondant au régime forcé.. Ainsi, si le second membre est constant, on cherchera une solution constante. Ne pas utiliser la méthode de la variation de la constante en physique.

  3. En déduire la solution générale de l’équation avec second membre en sommant les deux fonctions précédentes.

  4. Déterminer les constantes d’intégration à partir des conditions initiales.

Autre études
A partir de la solution déterminée précédemment, on peut être amené à:

  1. Tracer l’évolution temporelle.

  2. Analyser un tracé temporel donné pour l’associer au système ou déterminer certaines caractéristiques (conditions initiales, régime forcé, type de régime pour un circuit d’ordre 2 - cf. suite - … )

  3. Faire un bilan de puissance ou un bilan énergétique en déterminant la puissance reçue/fournie ou l’énergie reçue/fournie par les différents dipôles.

Méthode: Déterminer l’évolution temporelle.

Exercice

On redonne ci-dessous l’équation différentielle qui régit l’évolution de \(u_C\) ainsi que les conditions initiales. Déterminer \(u_C(t)\) pour t>0 en supposant \(R > \sqrt{\frac{L}{C}}\)

(43)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2}u_C}{\rm{dt^2}} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d}u_C}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} u_C = 0 \end{equation}\]

Conditions initiales: \(u_C(t=0^+) = 0\) et \(\frac{\rm{d}u_C}{\rm{dt}}(t=0^+) = -\frac{E}{RC}\)

Exemple d’autres études

Nous allons voir ici l’exemple d’autres études à partir soit de l’équation différentielle, soit de la forme temporelle. On rappelle qu’on peut aussi obtenir des information du circuit même (en régime forcé par exemple). Il est conseillé d’essayer de faire cet exercice avant de regarder la réponse.

Exercice

On rappelle que l’équation qui régit l’évolution de i(t) est:

(48)\[\begin{equation} \frac{\rm{d^2} i_l}{\rm{dt}^2} + \frac{2}{RC} \frac{\rm{d} i_l}{\rm{dt}} + \frac{1}{LC} i_l = -\frac{E}{RLC} \end{equation}\]

Conditions initiales: \(i_l(t=0^+) = 0\) et \(\frac{\rm{d}i_l}{\rm{dt}}(t=0^+) = 0\)

  1. Déterminer \(i_l(t)\) dans l’hypothèse \(R > \sqrt{\frac{L}{C}}\).

  2. En déduire la puissance reçue par le bobine p(t).

  3. Déterminer l’énergie reçue par la bobine entre \(t=0\) et \(t=+\infty\).

Analyse des formes des solutions

Rappel des expressions
On rappelle les expressions trouvées pour la tension aux bornes du condensateur et pour l’intensité circulant dans la bobine. On pourra pour élargir encore les observations calculer les autres grandeurs du circuits.

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Seconde différence
Une seconde différence concerne les constantes d’intégration (en vert). Elles vont aussi dépendre de l’état initial (en plus de toutes les dépendances citées précédemment).

Remarquons que ce sont les seules grandeurs qui vont garder trace du l’état initial: ni la forme de la solution générale ESSM, ni le régime forcé ne va dépendre de l’état initial. Ce sont les grandeurs qui donnent le moins d’information sur le comportement général du système.